Sandwich au jambon
et aux saucisses,
coca-cola américain
et bière d'Alsace,
pernod français,
glaces à l'italiennes
et cornets nationaux
de pommes frites.
Après le coucher du soleil,
lorsque l'air tout autour
devient sombre,
un homme,
le torse nu et tatoué,
entouré d'une foule
qui s'extasie
religieusement,
depuis un temps immémorial
mange du feu.
Après une attente
d'une longueur intolérable
une colonne de pétrole
enflammée
sort da sa bouche
et se lève vers le ciel
dans un nauge de fumée,
pendant que le boulevard Clichy
fait éclater son firmament
de lumières bariolées
jusqu'à la Place Blanche,
où la roue rouge d'un vieux Moulin
tourne sans arrêt,
et pareille à l'horloge
sur la tour de l'abbaye
marque l'éternité de Montmartre.
Dans la Place Pigalle aussi:
«Eve, Narcisse, Les Naturistes»
ouvrant leurs portes
mystérieuses et séduisantes
à l'avidité naïve des touristes.
En face,
avec une affiche éblouissante
«le nu le plus osé»,
le Grand Pigalle annonce:
oubliant, certainement,
que le nu le plus osé
est réservé à Dieu.