Devant la porte qui reste fermée
avec un air de mystère
et de navrante cruauté
soit de l’Opéra
ou du Théâtre Français
non plus jeune désormais
malheureusement
la dame attend
avec une évangélique confiance
assise sur son pliant.
Elle goûte à l’avance
avidement
le délire de Phèdre
mère abominable
ou de la fragile Manon
le sort touchant
l’amour romantique de Marguerite
la Dame aux camélias
l’inutile désespoir de Tosca
le dessin diabolique
de Dalila.
La mécanique de Célimène
la misère d’un avare très riche
ou les effronteries d’un imposteur.
Les astuces de la terrible Rosine
et les intrigues de son coiffeur.
Avec l’élan d’une conquête
après trois heures d’attente
la dame sortira par cette porte
ouverte avec magnanimité
en pressant sur sa poitrine
oiseau de proie
la magie de son ticket
le bras passé
dans son pliant.